« Un projet tellement hideux, qu’ils n’osent pas le nommer ». Il ne mâche pas ses mots, Jean-Michel Deiss, l’un des plus réputés des vignerons alsaciens, animateur de Vignes Vivantes, et l’un des signataires du courrier aux Ministres de l’Agriculture et de la Recherche sur ce qu’il faut bien appeler aujourd’hui le sauvetage de Vassal. « Il y a sciemment derrière le déménagement du Conservatoire de Cépages, un projet d’eugénisme qui vient couronner des décennies de perte de biodiversité ampélographique, arracher toute identité de nos vignes, et contribuera à propager massivement les maladies du bois.
Il est patent que tout ne sortira pas indemne du déménagement et que 80 % des variétés vont disparaître. C’est comme si avec le Louvre, on décidait de ne garder que les 20 % d’œuvres les plus robustes, les moins difficiles à entretenir, à restaurer et... à aimer. » Les vignerons ont confié il y a près de 150 ans un travail de conservation au Conservatoire. Pour le vigneron alsacien, « il ne suffit pas d’un sol pour conserver les vignes, il y faut de l’amour, de la présence, du compagnonnage vigneron… Aujourd’hui, la collection est en piteux état, non exempte de viroses… Mais cet argument ne tient pas : les plus grands vins viennent de vignes virosées. Et l’argument vaut pour organiser une épuration ampélographique… non pour justifier d’un déménagement. » « On marche à l’opposé de tendances européennes de valorisation des patrimoines de cépages anciens », constate le vigneron qui a pour objectif de planter au cœur d’un grand cru la totalité des 60 cépages alsaciens (certains, oubliés, ont perdu jusqu’à leur nom). Il y a un gros projet de conservatoire au Portugal, l’Italie s’intéresse à la complexe richesse de ses cépages blancs, les vignes riches de leur complantation sont légion... Une fois de plus, on est à côté. On aurait attendu que l’INRA soit de notre côté. On se demande qui pense en France ? Qui pense à nos enfants ? Lorsqu’on plante une vigne, c’est pour 50 ans. Une Fondation serait une bonne solution pour agir dans le bon sens, et il y a bien des bonnes volontés pour y travailler.» Page Facebook des actions contre le déménagement de Vassal : www.facebook.com/ledossiervassal Lire aussi : Les Cépages ne veulent pas déménager
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