Des bouteilles de jus goûteux et naturels
- Votre livre est un encouragement à « y aller voir ». On a envie de faire avec vous cette promenade qui nous mène de Juigné-sur-Loire à Husseren-les-Châteaux, des Albères au Jura. Ceux qui aiment le Val-de-Loire seront particulièrement gâtés. Par contre, qu'on ne compte pas sur vous pour descendre la Garonne. Pourquoi ? Ils ne font pas de copains là-bas ? SL : Je veux bien descendre la Garonne, mais jusqu'aux rives du Capitole, pour voir le Stade Toulousain prendre une fessée par le Stade français, trinquer avec mon ami Christian Authier dans les locaux de «l'Opinion indépendante» ou rendre visite à trois excellents cavistes de la Ville Rose : Éric Cuestas au Temps des Vendanges, Philippe Lagarde au Tire-Bouchon et Laurent Navarro à la Cave Vinéa de l'Union… On ne trouve pas beaucoup de vins de bordeaux sur leurs rayonnages, mais beaucoup de très beaux flacons. L'amitié donnant soif et la soif donnant des idées, il m'est souvent arrivé d'ouvrir des bouteilles de jus goûteux et naturels jusqu'à plus d'heure avec ces bons compagnons. - Est-ce que vous pensez que l'oenotourisme peut aider à retrouver « cet émouvant lieu de mémoire qu'est le vin » ? SL : Ne pas séparer le vin servi dans le verre et les paysages au milieu desquels le raisin a mûri avant de fermenter est une chose à laquelle je tiens beaucoup. J'espère que cela se sent dans mon livre. Lorsque je bois le saumur-champigny du Clos Rougeard, j'ai l'impression d'avoir les pieds sur le tuffeau ; lorsque je vide un flacon de Tavel d'Éric Pfifferling, j'entends chanter les cigales ; et lorsque je débouche une bouteille de jurançon de Charles Hours, je vois Pau blanchir au loin, par-delà les prairies… Des êtres de passion - N'est-il pas parfois difficile de rencontrer les vignerons dont vous parlez ? Parce qu'ils sont très pris, parce qu'ils n'ont plus « rien à vendre » (ma petite entreprise ne connaît pas la crise) ou parce qu'ils sont des « ermites antisociaux» ? SL : Comme avec n'importe quelle personne bien née, il suffit de prendre rendez-vous avant de pointer le bout de son nez, d'être aimable et respectueux du labeur des hommes. Les artisans que j'évoque dans mon livre sont des êtres de passion. Comment refuseraient-ils de la faire partager ? Ils n'ont évidemment pas les structures qui leur permettent d'accueillir chez eux des cars de touristes japonais. Mais ils ont beaucoup mieux : un savoir, une franchise, des convictions et beaucoup de gourmandise. - Peut-on trouver un autre terme, plus joli, qu'oenotourisme ? SL : Je parle de «dégustations buissonnières». Ce n'est pas tout à fait la même chose. Mais c'est peut-être plus franc et plus clair. |